Salut l'Ami(e) !
Manosque est toute blanche. Je fais le chat-ronron dans ma maison et rêve ...
Dire qu'il y a juste une semaine, à 15h30 tapantes, il faisait grand bleu dans le Haut-var, à Taverne, où Le Philo et moi retrouvions Duvalben, Tuttle et Marc de Beaucaire. Le temps d'échanger bises et bons vœux en direct, et nous repartions pour un joli jardinage: nous avions le temps de flâner un peu, les Issambres n'étant pas si loin. Qu'on se le dise, le lac de Carces, en hiver, prend des allures métalliques impressionantes, surtout lorsque la brume du serein commence à tomber.
Ne traînons pas trop tout de même car il faut passer les Maures.
En arrivant au bord de mer, nous avons soudain droit, dans la baie de Saint Tropez à une vision étonnante: celle d'un grand bateau d'or ... Le couchant offre parfois des merveilles.
Nos zorgas, Sylvie et Jésus, accompagnés des enfants et de tata Stabilo, descendue en train pour voir nos binettes et, si possible rouler un peu, nous rejoignent. Bien sûr, il y a là pas mal de Sudistes et de Grands Sudistes (sur leurs terres) mais arrivent bientôt les voyageurs: Cécé et Mam' Ophie, Corinne Tit' Route; l'Helvétie moins Ghislain plus Ted débarque en voiture et se fait traiter de lopette. Voici l'ami Jean de Bracon et le fidèle Lézard Vert dont la moto ... Mais ne remuons pas le couteau dans la plaie. Enfin, Marc et Kriss descendront de leur carrosse vers minuit.
Je fais la connaissance de "Papounet", avec lequel je me découvre tout de suite des atomes crochus. Nous allons tchatcher une bonne partie de la soirée, comme deux vieux potes qui ne se sont pas vus depuis longtemps. Une petite incursion au bar, où les copains se retrouvent après le dîner me voit fuir illico: quelle tabagie ! Comme d'hab, Dame Jo s'en va se coucher tôt, précédée pour une fois par Béa et Patix, arrivés fatigués. La nuit est étoilée, magnifiquement bleue. Vivement demain !
Au matin, c'est tout gris .Gabriel pique une colère en sol majeur, allegro vivace. Cécé le console. Les cartes routières largement trouées ( elles ont beaucoup servi ) sont de nouveau étalées sur les tables après le petit-déjeuner. Tandis que certains caisseux s'en vont au marché du Samedi à Saint Trop, ma chouère, que les jeunes parents s'occupent de leur progéniture, les motards ( quand ils ont démarré _Ô le jogging matinal de Jean poussant la Libellule de Lézard Vert ! ) prennent la direction de Collobrières, dans les Maures sauvages. Il ne fait pas froid ( 9° ), il ne pleut pas.
" C'est déjà ça, c'est déjà ça."
Virage sur virage, nous sommes gâtés. L'hiver a déposé sur les feuillages des evergreen un glacis gris qui éteint les couleurs; on ne sent presque rien. Victime d'un enchantement, la forêt de chênes-lièges et de châtaigniers sommeille, telle une Belle au Bois Dormant. Parfois pourtant, un talus à l'ubac, couvert de mousse d'un vert fluo rappelle que c'est pour de rire, que le réveil viendra et qu'on verra ce qu'on verra ...
La Chartreuse de la Verne, que nous étions allés admirer de près, Le Philo et moi, lors du 1er BeauTempsThon, impressionne davantage si faire se peut, vue de loin, accrochée comme un nid d'aigle au milieu des forêts.
Un rayon de soleil timide perce, de temps en temps la grisaille. Nous faisons une pause au Col des Fourches (début de la petite route qui mène à Notre Dame des Anges. )
L'air de rien, je m'éloigne ... le thé du matin ... les cahots ... Ah! ça fait du bien ! Surgit alors de nulle part un 4/4 ... moi qui me croyais seule au monde. Les copains m'attendent avec un sourire en coin. Jean me demande, l'air gourmand, si j'ai vu une voiture et je rétorque aussitôt :
"Oui ! Mais il n'a pas vu mes fess-eûx et gnagnagna !"
Il est temps d'entamer la descente vers Gonfaron -Le village où les ânes volent - Après les Mayons et Plan de la Tour, toute la compagnie a rendez-vous à Port Grimaud pour y déjeuner.
Par chance, Nolan connaît les restos où l'on n'assomme pas le client. Nous entrons dans un décor de village fantôme où seuls, les mouettes et le coche d'eau ( nettement moins discret, celui-ci, que la Goldwing de M. de Bracon) font du bruit. Volets clos, commerces fermés, bateaux amarrés, presque personne. Heureusement, une grande brasserie est ouverte, où les 25 convives, pas tout seuls, que nous sommes, se voient proposer un repas en terrasse par un patron complaisant, qui tire des bâches, apporte un chauffage. Mieux vaut ne prendre qu'un plat si l'on veut pas trop attendre. C'est bon et CHAUD !
Stabilo, passagère de Jean, nous suit dans la balade de l'après-midi, plus longue que celle du matin. Nous quittons le bord de mer tout gris et repartons dans l'arrière-pays au ciel dégagé.
Je vois enfin quelques mimosas fleuris.
Passant par Bargemon, Fayence, Tourrettes, nous traversons le pont sur le lac de Saint Cassien et prenons, guidés par Nolan, la petite route qui mène au village de Tanneron. Nous avans droit, là-haut, à un beau soleil couchant, d'un côté _ à une large vue un peu embrumée sur Grasse et ses environs, de l'autre. Fred est quasiment chez lui.
La nuit ne va pas tarder à tomber. Nous suivons le conseil de Stabilo: boire dehors nos breuvages chauds, pour éviter un refroidissement lorsque nous reprendrons les bécanes.
Une affichette, sur la porte du café, annonce la Fête du Mimosa au village, début Février. J'aimerais la voir. Toute la montagne fleurie de jaune, ce doit être superbe ...
Je ne peux cependant m'empêcher d'avoir une pensée pour Martin GRAY, survivant du ghetto de Varsovie, et pour la tragédie vécue par sa famille, lors de l'incendie du Tanneron. Tous ceux qui se plaignent pour un rien devraient lire; "Au nom de tous les miens".
Nous redescendons par la belle route aux larges virages promise par Nolan: un vrai régal, à travers l'Estérel. Nous arrivons à Fréjus. Retour aux Issambres par la côte.
Outre notre groupe où tous les âges se cotoient, il n'y a pas que des seniors au Val d'Esquières. Un groupe de jeunes cyclistes sportifs, l'équipe pro Aubers93, est salué gentiment par un papy en survêtement, sûrement nostalgique.
Pas mal de copains sont fatigués, ce soir: boulot de la semaine, hiver plutôt rude ... Jésus et Haroun, leurs grandes carcasses affalées dans des fauteuils confortables, piquent du nez. Ils ne sont pas les seuls. Les filles tiennent mieux le coup. Tout le monde est bien sage: nous formons un cercle on ne peut plus paisible.
Quand Fabienne de Beaucaire et les enfants viennent nous rejoindre, Julie offre à tous son beau sourire et ses fraîches bises. ( Au Philo, le soir-même, elle donnera un dessin le représentant avé LA barbe et LA casquette; y'a des privilégiés.)
Haroun, à demi éveillé, s'en va prendre l'air et revient requinqué. A Cécé, mort de rire, incapable de s'exécuter tant il tressaute sur son siège, le Poussah tente d'apprendre une technique permettant d'augmenter l'angle visuel qu'on a en tournant la tête, sans bouger les épaules. Une fois le premier mouvement exécuté, on doit se frictionner assez vigoureusement l'oreille du côté où l'on s'est tourné. En principe, l'angle de rotation se trouve augmenté, peut-être, pense Haroun, parce qu'on s'est concentré sur l'action ... Cécé se tient les côtes. J'essaye mais j'ai bougé les épaules; je change de siège, m'assieds bien droite, toute seule dans un coin. Cela a l'air de marcher. Méthode Coué ? Gandolfi s'étonne. Je lui explique certains exercices de yoga ... la méthode alpha ... la technique du rêve éveillé... de l'hypnose ? demande-t-il ? Non; de la relaxation. Mince ! il va s'endormir.
Elian et Gabriel tiennent la forme. Pense donc, avec une telle smala de tatatontons. Les grands ayant repris du poil de la bête, le dîner se passe joyeusement. Contrairement à la précédente, la veillée sera très sage.
Dimanche matin. Le Philo croit que c'est moi qui fais du bruit dans la douche. IL PLEUT ! L'averse a commencé juste au moment où je tournais le robinet. Décidément, pour ceux qui les collectionnent, les BeauTempsThons se ressemblent: il flotte le Dimanche.
Aujourd'hui, Gabriel pique une colère en do majeur, allegro agitato. Cécé le re-console. Jésus verse le contenu du bib' de son fiston dans un bol; il est venu à notre table. A Nat qui le charrie : " Avoue ! C'est toi qui le veux, ce biberon!" il propose de s'entraîner. " Prends-moi sur tes genoux!"
Comme personne n'a envie que le week-end s'achève, on fait traîner le petit-déjeuner. Certains doivent pourtant prendre congé: la région parisienne, la Bretagne ... c'est loin.
Elian puis Julie et Clément montent sur le Paquebot qui leur plait bien. Rendez-vous est donné à St Maximin pour tous les autres, encore nombreux. Le Philo nous fait traverser de beaux villages tel Cabasse, Vins sur Carami. Tandis que les nuages stagnent sur la côte, nous retrouvons le soleil, un grand ciel bleu et ... le FROID: 3° puis 5°. Malgré mes bons gants, j'ai mal au bout des doigts.
A Saint Maximin, le dimanche matin, même en hiver, la grand'place est animée.
Tout a une fin; cette fois-ci, le moment des adieux déchirants approche. Lorsque nous ressortons du restaurant, Haroun joue les indignés:
" Y'a plus d'jeunesse ! "
Quatre scooters impeccablement alignés au garde à vous font honte à nos bécanes " garées à la cochon ". Et les quatre blancs-becs ont leurs casques ! " on aura tout vu ! " On n'peut même plus grommeler tranquille...
Gabriel s'arrête, bouche bée devant les scooters, plus proches de sa taille que les motos. Le jaune lui plait beaucoup. Pendant ce temps, Elian, péremptoire, rétorque à sa mère, qui lui dit: " tu as vu la belle moto ? - C'est pas une moto, Maman, c'est un scooter ! "
On traîne encore autant qu'on peut. Il y a tant à se dire. Je raconte au Grommeleux, je ne sais plus pourquoi, l'histoire de " L'Enfant d'Eléphant " qui voulait savoir ce que le crocrodile mange pour son dîner _ en lui jouant tous les personnages... Avec Ted, je philosophe un peu ...
Et puis, cela finit tout de même par finir. Aux bécanes ! Fred et Nolan nous suivent jusqu'à Barjols. Le Philo et moi rentrons par Montmeyan pour profiter de la belle vue sur les montagnes enneigées, passons ensuite par Gréoux, histoire de viroler encore un peu. Manosque nous attend sous un soleil frisquet. L'hiver n'est pas fini mais quel agréable intermezzo ce fut, entre deux neiges.
Salut l'Ami(e) !
A la prochaine ! En principe en Ardèche.
Avé le sourire et les bises de
Dame Jo, l'enneigée d'la moto.
P.S. Encore merci à Sylvie et Jésus qui nous permettent, depuis quatre ans, de renouer le plus tôt possible avec les balades, alors qu'ils ne roulent eux-mêmes que dans leur tête ... pour le moment; petits poissons deviendront grands.