Que de sous-titres m'ont trotté par la tête
avant de t'envoyer ce compte-rendu qui me tient tant à coeur.
Par exemple :
" Les Chevaliers du brouillard ",
" Chaque jour est une vie "
( un emprunt en passant, à Louis Chédid dont j'ai, hier matin,
entendu la chanson
" ...Voir du pays, courir le monde
pas une minute à perdre, pas une seconde,
chaque jour est une vie "
Ce que je crois profondément, depuis longtemps )
Trois jours si riches, si denses ... J'en ai pour des semaines, des mois
et plus encore à y repenser ;
c'est dans mon trésor mais tu me sais partageuse. Je t'invite à
revivre avec moi si tu le veux bien certains
de ces moments. Je n'ai pas voulu, aujourd'hui, suivre de trop près
l'ordre chronologique,
préférant t'offrir images et sensations, encore si forts et
si proches dans le temps.
A vrai dire, je suis encore là-bas, au pays des deux Gilles, qui
ont gardé avec eux un peu de Dame Jo.
Tu peux te demander pourquoi cette balade s'appelle la " Pyrolade
" : pas de pirouettes ( vaut mieux pas chez les motards)
mais des Pyrénées, des virolos, de la balade. Ce mot danse,
comme nous sur les routes où notre hôte,
Gilles80RT nous a fait découvrir, près de St Just et le Bézu,
son village de l'Aude, un impressionnant virage en
escargot à plus de 360° : on repasse sous la route. Ouf !
La Pyrolade évoque aussi les " cavalcades ". Gagné
! Outre nos montures mécaniques, le cheval, a été à
l'honneur : qu'il
s'agisse d'un étrange rocher en forme de tête de cheval, rendu
encore plus énigmatique par la brume :
belle source d'inspiration pour un conte ou une légende tels que
les dit si bien le grand " griot " occitan Henri
Gougaud, ou des vrais chevaux d'Isabelle et Gilles, qui ont apprivoisé
Dame Jo ( elle les aime beaucoup,
mais c'est un peu affolant, les chevaux, pour quiconque ne les a jamais
approchés.)
- La grosse bête
En l'occurrence
N'était pas
Cel-leû qu'on pense ! -
Isabelle nous a appris comment une jument pouvait sauter les obstacles en " Adidas " ( J'sais tout mais j'dirai rien )
Ecarte nuages, gouttes et brouillard, si tu veux nous apercevoir. Jolitorax
et Gilles nous ont dit qu'ils n'avaient jamais vu
cela dans la région : un de ces smogs à couper au couteau,
obligeant les motards à une extrême vigilance sur
ces petites blanches ( ou jaunes ) viroleuses. Avec parfois, une drôle
de luminosité un peu rosée, très jolie.
Notamment lorsqu'une accalmie nous a permis d'admirer de près un aqueduc
romain , à Ansignan ( sur la D9 )
au dessus des vignes. Pas si fous qu'ça, ces Romains, n'en déplaise
à nos amis Astérix et Obélix !
L'aqueduc suit la pente du terrain, d'abord haut d'un mètre pour
atteindre, dans le creux plusieurs mètres de haut.
Les arches de pierre taillée sont renforcées et joliment soulignées
de briquettes rouges. Une partie de l'ouvrage forme
un tunnel ajouré,
tout pavé de pierres lisses, heureusement prises dans le sable, sinon
voyez glissades et cassages de
gueules garantis. Entendre le chant de l'eau qui " cascaye " dans
l'aqueduc finit par te faire oublier qu'il pleut,
que ton casque de SDS, quelques instants avant la pause, ressemblait furieusement
à un bocal pour poisson triste !
Sur les 13 chevaliers gris que comptait alors la troupe, ( 12 mecs, 1
" vieux " marin, Jo ) il y en a eu pas mal pour se dire :
" Ah ! si j'tenais l'enfant d'<...> de Marie - restons polis
- qu'a fait r'porter la Pyrolade d'une semaine !
Dire qu'y f'sait si beau l'week-end dernier ! Dire que j'pourrais bronzer
dès qu'j'enlève mon casque !
Dire que ! Dire que ! "
Nous connaissons " l'enfant d'<...> de Marie " Voui !
L'a été bien " puni " car sa bécane est tombée
en rade le Vendredi.
Je te rassure, sa femme, lui-même et des km de saucisse de Toulouse
nous ont rejoints, en caisseux, pour passer au moins
la soirée du Samedi avec les copains , tant ils en avaient gros sur
la patate, d'avoir manqué retrouvailles et balade.
Tiens, au fait, à propos de brouillard en pays Cathare, tâche donc de voir 8 " couillons " ( dont Dame Jo, empaquetée carré, jouant les " gorillesses dans la brume " ) grimpant pour le plaisir de découvrir ... un panneau visiteurs et une porte de WC, sur le parking du château de Peyrepertuse, ledit château , perché plus haut, demeurant, lui, totalement invisible ... Petite pause pour se dire que décidément, on n'y voit rien, belle occasion pour Ghislain de lancer un concours de bâillements, pour Frapi Mains Bleues ( Il ne tue que de l'aristo ) de s'entendre raconter par une Dame Jo cinéphile le très bon film .. en noir et blanc ... " Goupi Mains Rouges " ( avec ces excellents acteurs que furent Fernand Ledoux et Robert Le Vigan l'halluciné, qui ressemblait tant au poète et acteur de théâtre fou Antonin Artaud, " le Momo ". Pelloche à voir absolument, si vous le pouvez. Ce drame paysan, féroce étude de caractères, n'a rien d'une vieillerie. Il me semble que c'est Pierre Véry, grand auteur de polars, qui a écrit " Goupi Mains Rouges " ... mais je n'en suis pas sûre. )
" Où étiez-vous donc passés ? " ( Ça,
c'est Gilles, Lévrier Noir et CHC ) nous attendant à la sortie
des Gorges de Galamus; ils ont dû penser que nous étions timbrés.
" A la
choucroute alsacienne du Samedi soir ! " préparée
dans les règles du lard ( Facile ! mais je n'ai pas pu résister)
par Gilles80RT pour un régiment. Un plat très local, me diras-tu,
mais tu ne sais peut-être pas que notre pote a vécu en Alsace
avant de s'ancrer en Roussillon.
Puisque nous parlons nourritures terrestres, je m'adresse aux nanas pour
leur dire que, lors de notre arrivée à St Just et le Bézu,
Dame Jo, tout en se chauffant les mimines à
un bon feu, put contempler avec délices le doux spectacle de
8 ou 9 mecs s'activant dans la cuisine, comme des abeilles dans leur ruche.
Et comme chacun est généreux, nous eûmes droit à
des merveilles : du " pâté de grand-père "
apporté par Frapi ( un bon pâté maison fabriqué
par son beau-père ) prétexte à rigolades et ... à
salivations reconduites du Vendredi au pique-nique du samedi midi. Du saucisson
comme ça !
Lévrier Noir nous régala d'un succulent plat de résistance,
qu'il nous servit chaud : des " boles de picoulat "
( certains les ont peut-être dégustées chez lui ) :
boulettes de viande de boeuf et de porc en sauce, bien aillées, avec
un soupçon de cannelle ... Miam ! Ghislain, lui, avait apporté
de Suisse un grand pot de la fameuse double crème de la Gruyère
( qu'on mange, à Gruyère, avec des fruits rouges ) et des
" m'ringues " ( prononciation suiiiiiisse ) Certains, qui s'étaient
fait charrier depuis le début du repas, en évoquant leur cholestérol,
se sont dit que " Nom de d'là ! " Pour cette fois, ils
ne pouvaient pas laisser passer ça sous leur nez, sans y goûter
! Z'ont raison ! Le masochisme en pareil cas est un péché
!
La palme revient tout de même à Laurent qui, arrivé Vendredi soir vers 22 heures, s'est vu réclamer ses cookies au chocolat et aux raisins secs : il est allé les faire cuire chez Gilles ! Tu me diras : " Mais comment avait-il transporté la pâte ? " Les ingrédients étaient chez nos hôtes, et Laurent de touiller sa préparation et de faire cuire les petits gâteaux tout chauds!
Nous en étions donc à festoyer, dans un cadre qui plairait à beaucoup d'entre vous : une vieille maison de pays aux murs de pierres, aux grosses poutres, restaurée intelligemment, où Gilles a pu nous loger tous. Cette demeure appartenant à des amis, pour le moment loin de France, lui est aimablement prêtée, en pareil cas.
Une maison, nous allions en voir une autre, grâce au temps flotteux
du Samedi, peu propice aux pique-nique aérés. Au vu de la
météo, Lévrier Noir avait déjà pensé
nous amener tous dans sa maison familiale. A Bouleternère, après
Ille-sur-Têt
( où Mérimée situe " La vénus d'Ille "
), lors d'une pause où le Philo photographia le panneau routier indiquant
: " 43
Km de virages " ( Boufre ! ), Frapi fit le détecteur de
cailloux jusqu'à la bifurque; là, le Lévrier Noir prit
la tête de la meute pour nous mener à Trouillas ( Pyrénées
Orientales ), à sa "niche". Quel accueil !
Lévrier Noir connaît très bien ... les lévriers. Et pour cause ! Lizka, belle chienne blanche et rousse, frisée mais pas autant que certains barzoï, qu'on dirait permanentés, s'en vint, avec l'ami Philippe, nous inviter à entrer, à venir voir tous ses bébés, nés il y a peu, à nous sécher, à nous restaurer.
Moments magiques dans cette maison que j'ai sentie si pleine de souvenirs ... Plaisir d'entendre nos amis parler de leurs chiens et Gilles, des chevaux ... Que cela ne nous coupe pas l'appétit ! Tout en saucissonnant, certain fromage ( un St Félicien crémeux apporté par Frapi ) souleva derechef, quand Laurent ouvrit la boite hermétique qui contenait les frometons, une série d'exclamations égale à celle qui qualifie le " bizarre " des Tontons Flingueurs ... Quel parfum pour les uns, quels remugles pour les autres !
Le soir même, lors du repas où " l'enfant d'<....> de Marie " et Flo nous avait rejoints à St Just ( voir plus haut ), Patix, qui avait passé son temps, jusque-là, à oublier ou à perdre différents objets ( trop bien rangés ! ) n'oublia pas de porter un toast aux deux Gilles, pour un accueil que nous n'oublierons pas de sitôt. Toujours délicat l'ami Pat !
Il te reste à assister aux adieux déchirants du Dimanche matin. Certains d'entre nous restaient un peu plus longtemps mais la majorité devait regagner ses pénates : les Parisiens ( dans les 800 Km ), les Bordelais ( tout de même à 450 ou 500 bornes de chez eux, c'est vaste le Sud ! ) l'Aramonais ( 350km ) les Manosquins ( 450 km ) et Ghislain le "Suissais" ( 750 km ). Au fait, la durite tartinée au scotch américain de la Bête des Vosges, ( celle de la V65 évidemment ) tint le choc jusque au bout, comme nous le sûmes plus tard, avec soulagement.
Je ne t'ai pas parlé du voyage aller avec Patix et Le Philo, ( camélias fleuris dans les jardins, mimosas sauvages, blanches bruyères arborescentes ) qui nous priva ( Pluie ! Pluie ! ) d'une visite de la cité de Carcassonne mais nous offrit la vision de belles péniches sur le canal du Midi. Je m'en voudrais de ne pas évoquer avec toi, avant de te dire " A la prochaine ! " , Narbonne, le port de Sète, si animé même le Dimanche, et surtout, les flamants roses, les aigrettes, les sternes, les mouettes à tête noire des étangs ...
" Les flamants, quand ils pêchent, on dirait des tabourets
à trois pieds " dit Patix. Vrai ! ( Pour moi, les " tabourets
" ce sont
les gros moutons noir et blanc, en Ecosse, vus de derrière. Tabourets
en fourrure, sauteurs de surcroît ! )
J'ajouterai qu'après les chevaux, les lévriers, les petits
cochons noirs chinois ( entrevus dans le vallon, derrière la maison
des hôtes, le Dimanche matin ), les oiseaux, Le Philo et moi vîmes
à Apt ... des tigres et ... des singes derrières des barreaux
: un cirque ! Vive les animaux libres ! Euh, libres dans leur jungle pour
certains ...
Salut l'Ami(e) ! Cette fois, je te dis " à la prochaine ",
te souris et te " bige ".
Dame Jo, l'émerveillée d'la moto
( qui n'a même pas eu mal aux fesses au bout de ces 1100 et quelques
Km . )