Peut-être te diras-tu, en lisant ce CR, que tu ne
regrettes pas d'être resté(e) au bercail ce 3ème W-E d'octobre. A vrai
dire, j'ai bien pensé moi, aussi, Samedi matin, frigorifiée sous la neige,
en éternuant dans mon bocal plein de buée :
Mais nom de Zeus ! Keskejfoulà?
Impermanence ... Nous avons vécu tant de bons moments par ailleurs qu'il
serait idiot d'en vouloir à une météo défavorable: tu n'y étais pour rien,
Tricé !
Partis au sec Vendredi matin de Manosque, Le Philo et moi retrouvâmes Marc
de Beaucaire, qui admira franchement l'ardeur avec laquelle Dame Jo avait
usé ses sliders ( un cadeau de Nolan pour une photo qui reste à faire. Il
me manque une Ducati rouge, Mash ! ) Sacré Philo ! aussitôt traité par moi
de "salopard" car je n'avais pas vu (noir sur noir) l'ajout.
Et nous voilà partis sur les petites blanches, passant par Redessan (!) Collias, les gorges du Gardon avec un arrêt au Pont St Nicolas reconstruit après la terrible crue de 2002. Puis le temps restant sec, nous prîmes la Corniche des Cévennes. Parvenu au Col de l'Exil, Marc obliqua directement vers l'entrée présumée d'un restaurant des bois plein de charme, où des Harleystes d'Europe Centrale tchatchaient avec entrain.
Les bouquets de fleurs, sur les tables, firent aussitôt mon admiration :
ici, des roses fraîches plongées dans l'eau d'un vieux broc, là une courge
verte et quelques asters. Pour nous, dans un verre bleu, transparent, des
cailloux, des feuilles rousses dans l'eau, des capucines orangées, des
fruits de vigne vierge et , comble du raffinement, sur la nappe, un
bottillon d'aiguilles de pins cueillies vertes, lié de raphia, posé près
d'une feuille de gingko, éventail doré ... Plats délicieux à la
présentation tout aussi raffinée ... ( retiens l'adresse ! Resto du Col de
l'Exil sur la route de la Corniche des Cévennes, la D9 )
Depuis les grandes baies vitrées, la vue sur la forêt cévenole était fort
belle. Beaucoup de vert encore ...
Nous étions au 2/3 du parcours pour les Manosquins, et bientôt, retrouvant My Dreamy à Florac, lui conseillions d'enfiler les vêtements de pluie: un bain chauffait à l'horizon, entre deux courtes éclaircies ...
Après le bain, l'ensoleillement de Balsièges nous incita à prendre la route
de Marvejols. Au fur et à mesure que nous montions, le vent souffla, la
pluie se fit neige fondue puis flocons blancs tourbillonnants. Faisait pas
chaud : j'avais l'onglée malgré mes Segura d'hiver ...
L'Aubrac dans le brouillard, sous la neige ... Je pensais à Monsieur V. d'"Un Roi sans Divertissement" de Giono, qui s'ennuyait tellement dans son
pays blanc qu'il trucidait quelques pékins pour passer le temps ...
Je réclamai une pause-pipi en forêt alors que se dessinait une éclaircie
peu avant l'arrivée à Chaudes-Aigues où l'eau fume dans la rue !
Avec l'élégance d'une baleine cosmonaute, j'entrepris de me dépatouiller
avec les diverses couches de fringues superposées. C'est alors que les pins
poudrés de blanc, joliment secoués par le vent, se décidèrent à faire
pissette, eux aussi, sur mon arrière-train enfin au grand air.
Aâââgh ! Glacial !!
Les garçons, ayant garé les motos sur un petit chemin gravillonneux,
boueux, herbu sur les côtés, admiraient le paysage et prenaient des photos.
Marie-Do se félicitait, d'avoir laissé sa Triumph sur la route, elle
n'aurait pas à exécuter de demi-tour. Sacrée coquine, va !
On ne peut pas dire qu'elle jubila quand Marc, pour la 1ère fois de sa vie
de motard, coucha la SV dans l'herbe gelée mais ... mais ...
Pour ma part, étant déjà réinstallée sur le Paquebot, fringuée bien sûr
comme l'as de pique ( trop à remonter ), je n'avais rien vu.
A chaudes-Aigues, le soleil était là - Tricé aussi, prêt à partir avec Gilles pour un jogging vespéral. Jean - le rire de Robin, Dominique - Sandrine et Orlando, nos hôtes : lesquels entrent en Motardie.
Peu à peu, les copains arrivèrent, plutôt gelés, en particulier ceux qui
tentèrent de passer par le Puy Mary, refoulés par un chasse-neige qui leur
imposa un demi-tour et un grand détour, les faisant arriver de nuit.
Je revois Natalie, pelotonnée sur son fauteuil, se réchauffant peu à peu.
Le truculent Robin des Bois ne quittait plus son GPS, joujou qui le rendait
présentement silencieux ...
Tricé nous apprit, lors du dîner, comment l'un de ces pneus n'avait plus
que 500g de pression d'un jour à l'autre; ah! si tu avais entendu les
commentaires, les fines allusions !
Le lendemain, de bonne heure, il ne pleuvait pas mais cela pesait gris.
Direction Figeac. Pépé avec son passager Corto prit la tête du défilé. Le
temps d'arriver à Laguiole, petite ville sympa aux nombreuses coutelleries,
où c'était jour de marché, le temps s'était remis à la pluie. Peu après la
neige se mit à tomber, de plus en plus drue. Même, elle commençait à
prendre sur la route, ce qui refroidit ( c'est le cas de le dire ) plus
d'un randonneur de la troupe. Au lieu de continuer à monter, nous
redescendîmes après un demi-tour périlleux. De retour à Laguiole, tandis
qu'une majorité de lopettes ( dont j'étais ) décidaient un repli prudent,
les 9 muses ( je les ai comptées ) Jean, Corto, Lézard Vert, Ghislain et sa
passagère Marie-Do, Robin, Dominique, Régis et Jean-Noël, poursuivaient
l'aventure en redescendant sur Espalion.
Un bon arrêt nous vit de nouveau à Chaudes-Aigues où, comme de bien
entendu, il ne pleuvait plus ; certain(es) en profitèrent, qui, pour
acheter du fromage, qui, pour voir la source d'eau chaude, qui, pour
admirer chez le minéralier du coin ( un géologue prospecteur minier ) uneémeraude brute enchâssée dans du carbone et de très belles
aigues-marines.
Nous n'avions pas perdu notre temps.
L'un proposa un pique-nique au gîte, ce qui fit se récrier Géné et tous ceux qui souhaitaient manger chaud. Il se remit à pleuvoir : il fallait se réjouir l'oeil ( et l'estomac ), l'Auvergne généreuse offrant de fort belles recettes.
Tu en connais beaucoup, toi, des restos où, après le plat principal, on vient te demander si tu ne goûterais pas de ceci, de cela ( en l'occurence, du civet de biche, pour ceux qui ne l'avaient pas choisi ) ? Eh bien, au Relais de la Poste ( à Neuveglise ) Rte de St Flour à quelques kms de Chaudes-Aigues, c'est comme ça.
La plupart des treize (!) se délectèrent du pounti ( terrine bien moelleuseà base d'herbes : blettes, ciboulette, de porc maigre, de pruneaux ). Pas de "révoltés du pounti " ( Marc de Beaucaire dixit ) mais des demandeurs de recettes après dégustation. Pepers ayant commandé du canard se fit charrier jusqu'au soir en voyant arriver le " coin-coin " dans son assiette. Ces grandes gueules de Tricé et de Japy composèrent aussitôt à notre pote un menu jeune homme : " coin-coin, purée, kiri " que j'essayai de rendre plus euphonique : " Kiri, purée, coin-coin ". Je me vis, moi, accuser de trop me moquer de Pepers et esquissai un splendide bras d'honneur en direction de Messieurs les Anglais, qui avaient ... tiré les premiers. Oh ! Dame Jo ! Voui ! faut s'méfier des perruques blanches.
Marina intriguée par le curieux chariot des fromages apprit - et nous avec elle - que ce meuble en bois servait autrefois à égoutter la vaisselle.
Et maintenant, salive un peu si tu aimes les desserts car l'un d'eux fit
l'unanimité chez ceux qui s'étaient laissé tenter par les " Figues confites
avec glace à la vanille et croustillant aux amandes "
C'est beau comme dans un contre oriental et délicieux. Même si, comme moi,
tu n'aimes pas le sucre, tu craques.
Que de saveurs, dans ce resto ( Logis de France )! J'ai oublié de te dire
que les passagères et quelques pilotes avaient goûté pour la première fois
au Thé d'Auvergne, un apéritif peu commun à base de vin blanc et de
calament ( une menthe sauvage )
Au dehors, après ces agapes chaleureuses, il tombait de la neige fondue.
Nous nous hatâmes de regagner le gîte où il faisait bon. Bientôt, quiconque
serait passé dans les couloirs du Belvédère vers 15h aurait pu entendre "
Ronfl' Ronfl' Zzzz " Rares les non siesteux. Là haut, dans la grande salle
où Marc et Philo lisaient tranquillement, j'écrivais des cartes postales.
Il pleuvait toujours mais une bonne conversation avec Voyou nous permit de
mieux faire connaissance et de constater qu'en fin de compte, ces
moments-là avaient aussi leur charme.
Nous pensions aux 9 muses et à leur vadrouille toujours mouillée ?
neigeuse ?
C'est alors qu'un bruit de moto nous attira vers la terrasse : Robin des
Bois rentrait tout seul ... ??? Que pasa ?
Il nous apprit plus tard que, GPS aidant, il s'était rallongé la route
d'une quarantaine de km, était passé par le Lioran enneigé où il souhaitait
bien du plaisir aux autres ( qui - nous le saurons plus tard - avaient pris
un chemin plus court et non neigeux après le pot à Vic sur Cère ) Enfin, ilétait revenu au sec.
Une fois les siesteux réveillés, on joua au tarot, on s'adonna aux mots
croisés, on fit du sport en chambre ( baby-foot ) ou l'on raconta des
histoires.
Les 9 muses ( plus que 8 ) firent leur entrée, se réchauffèrent,
racontèrent. Certains avaient des souvenirs d'éclaircies, d'autres, de
gravillons mais, pour en savoir plus, tu liras My Dreamy pas complètement
lopette ( saperlipopette ) !
Quand je repense à ces moments où la galéjade et la bonne humeur fleurissent, qui permettent pour un temps de mettre de côté les problèmes familiaux, j'entends les " Copains " de Tonton Georges :
" Son capitaine et ses mat'lots
C'étaient pas des enfants d'salauds
Mais des amis franco de port
Des copains d'abord "
Que c'est chouette de retrouver les copains qui vous charrient et vous consolent.
Le Dimanche 17 Octobre, nous prîmes la route du retour. Sur des routes très
grasses et glissantes, tout d'abord, puis, le bleu apparaissant dans le
ciel, aidés par un petit vent qui séchait l'eau, nous roulâmes de mieux en
mieux. Salut Ghislain, après St Chély d'Apcher. Les Sudistes passèrent par
Mende, puis de nouveau par Florac où une brave mémé patronne de café me dit
devant un Philo estomaqué : " Madame, vous faites encore de la moto à votre
âge ! Venez vous réchauffer. " ( elle me gronde ) puis " Je vous admire.
Moi j'aime pas la moto. Mon fils en a une. Et j'ai peur ... "
Dans ma tête ça chantait :
" Non, les braves gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux "
J'ai jamais rien fait comme tout le monde et j'en suis bien contente.
De très beaux jeux de nuages avec les paysages automnaux nous enchantèrent en Lozère et dans les Cévennes.
Comme nous avions retrouvé le beau temps, chez nous, Le Philo me fit passer par les Alpilles, dans une lumière dorée. Jamais je n'ai humé d'odeur aussi balsamique que celle des arbres dans la forêt des Baux, en cette fin d'après -midi. Je crus me trouver dans une forêt d'eucalyptus là où je ne voyais que des pins. Mystères de la nature qui n'en sont pas vraiment, puisque les composants biochimiques des pins et des eucalyptus sont parfois communs.
Nous revenions d'une hivernale ...qui nous avait fait chaud au coeur.
C'était un Noël avant l'heure.
Salut l'Ami(e)
Avé le sourire et les bises de :
Dame Jo l'enneigée d'la moto.